La fête de Notre-Dame des sept douleurs est apparue au XIIe siècle, mais on en trouve déjà trace dans les écrits de saint Anselme et chez de nombreux moines bénédictins et cisterciens.
Propagée d'abord par les cisterciens puis par les servites de Marie elle se répandit, elle se répandit surtout aux XIV et XVe et XVe siècles. A Cologne, cette fête fut célébrée en 1423 en réparation des profanations des images de Marie par les Hussites. En 1482, elle fut introduite dans le missel sous le titre de Notre-Dame de Compassion.
En 1727, Benoît XIII l’inscrivit au calendrier romain et fixa sa date au vendredi qui précède les Rameaux.
Les servites introduisirent dès 1668 une seconde fête des Sept Douleurs de Marie au dimanche suivant le 14 septembre. C’est ce voisinage qui donne à cette fête tout son sens : Passion et Exaltation, ces deux temps de l’unique Pâque du Seigneur, sont aussi ceux de la Pâque de Marie : sa compassion au pied de la croix lui a ouvert la route glorieuse de l’Assomption.
En 1817, la fête fut étendue à toute l’Eglise par le pape Pie VII afin de rappeler les souffrances que l’Eglise venait de subir en son chef exilé et captif, délivré enfin par la protection de Marie. Les célèbres Pietà, si typiques du gothique tardif et de la renaissance, de même que certains hymnes, telles le Stabat Mater ou les lamentations de Marie, n’expriment que la douleur de la Vierge Marie au pied de la Croix.
Mais la fête du 15 septembre, à la différence de celle du vendredi de la Passion, y a associé la contemplation des autres douleurs de Marie, fixées à partir du XIVe siècle au nombre de sept :
Extrait du « MISSEL QUOTIDIEN DES FIDELES ». Par l’abbé Daniel Joly. Editions Clovis 2016. Page1603
Dom Guéranger explique que les souffrances de la Vierge Marie, lors de la Passion de Notre Seigneur sont étroitement liées aux souffrances endurées par du Christ, dans le plan de Dieu, elles en sont inséparables. C’est à ce titre qu’on l’appelle Mère des douleurs, en lien avec le titre d’homme des douleurs de Notre Seigneur. Sa présence au Calvaire est une leçon de courage et d’amour pour nous apprendre à supporter nos croix quotidiennes.
« Raison d'être de Marie, le Sauveur à venir doit en être en tout l'exemplaire. C'est à titre de Mère que fut annoncée, qu'est apparue la Vierge bénie, et dès lors à titre de Mère de douleurs, parce que le Dieu dont la naissance prochaine est le motif de sa propre naissance sera en ce monde l’homme des douleurs et de l'infirmité (2). A qui vous comparer ? chante le prophète des lamentations: ô Vierge, votre affliction est comme l'océan (3). Sur la montagne du Sacrifice, comme mère elle donna son fils, comme épouse elle s'offrit avec lui ; par ses souffrances d'épouse et de mère, elle fut la corédemptrice du genre humain »
"Le Christ ne meurt plus ; pour Notre-Dame, de même, a cessé la souffrance. Néanmoins la passion du Christ se poursuit dans ses élus, dans son Eglise contre laquelle, à son défaut, se rue l'enfer. A cette passion du corps mystique dont elle est aussi mère, la compassion mystérieuse de Marie reste acquise; que de fois ne l'ont pas attesté les larmes coulant des yeux de ses images les plus vénérées ! Là encore, là surtout, est aujourd'hui l'explication de cette reprise inaccoutumée par la Liturgie sainte d'une fête célébrée déjà dans une autre saison sous un titre identique. »
« Ses douleurs n'étaient pas nécessaires à la rédemption, mais dans les conseils de Dieu elles en étaient inséparables. Elles appartiennent à l'intégrité du plan divin. Les mystères de Jésus ne sont-ils pas ceux de Marie, et les mystères de Marie ne sont-ils pas ceux de Jésus ? La vérité paraît être que tous les mystères de Jésus et ceux de Marie n'étaient pour Dieu qu'un seul mystère. Jésus lui-même est la douleur de Marie sept fois répétée, sept fois agrandie. Durant les heures de la Passion, l'offrande de Jésus et celle de Marie étaient réunies en une seule. Quoique de dignité, de valeur évidemment différentes, elles étaient offertes avec des dispositions semblables, allant du même pas, embaumées des mêmes parfums, consumées par le même feu; oblation simultanée faite au Père par deux cœurs sans tache pour les péchés d'un monde coupable, dont ils avaient librement assumé les démérites.
Aux tourments de la grande Victime, aux pleurs de Marie, sachons unir nos larmes. C'est dans la mesure où nous l'aurons fait en cette vie, que nous pourrons nous réjouir au ciel avec le Fils et la Mère ; si Notre-Dame, comme chante le Verset, est elle-même aujourd'hui reine du ciel et souveraine du monde, il n'est personne parmi les élus dont les souvenirs de souffrance puissent être comparés aux siens. »
Source: L'Année Liturgique https://www.bibliotheque-monastique.ch/bibliotheque/bibliotheque/gueranger/anneliturgique/pentecote/pentecote05/022.htm
« Voyez ce qu'ajoutait à ses plaies, dans la Passion de Jésus, la compassion de sa Mère. Il la voyait, le cœur tout broyé, les mains serrées par la douleur, les yeux ruisselants de larmes, le visage crispé, la voix plaintive, mais tout le corps dressé, virile et debout auprès de son gibet. Je la devine, la tête voilée sans doute, tant sa modestie demeurait virginale, tant sa douleur passait toute mesure. Que de gémissements dut-elle pousser, pleurant son Fils et répétant : « Jésus, mon Fils Jésus, qui me donnera de mourir avec toi et pour toi, mon Fils, mon très doux Jésus ? » Que de fois dut-elle lever respectueusement les yeux vers ces blessures sauvages, si même elle put les en détourner un instant, ou si, du moins, à travers le flot de ses larmes, elle pouvait encore les contempler !
Comment croire qu’elle eût pu ne pas défaillir de l’immensité de la douleur imposée à son cœur, alors que je demeure stupéfait qu'elle n’en ait pas reçu la mort ? Vivante, elle partage sa mort, la vie faisant peser sur elle une douleur plus cruelle que la mort.
« Regardez et voyez s'il y a douleur pareille à ma douleur ? » Ecoutons cette lamentation de Marie, la Vierge Mère. Contemplons cette douleur poignante et nous le verrons : il n'est pas de douleur pareille à sa douleur, si ce n'est la douleur de ce Fils où la sienne se modèle ; puisque, ô surprise à peine croyable, c'est une vraie compassion qui l’étreint, et que les mots d’une langue humaine ne sauraient exprimer. Car faisant rejaillir sur soi les douleurs, les blessures, les outrages de son Fils, elle les subissait dans sa propre personne, ressentant ce qui se trouvait dans le Christ Jésus. En son âme, debout près du Christ, elle partageait son martyre ; blessée de sa blessure, crucifiée au crucifix, percée du même glaive. Car son âme fut transpercée par le glaive de la passion du Christ."
Abbé Thomas LE GAL
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