Comme l'expliqua le pape Pie IX dans la constitution apostolique « INEFFABILIS DEUS», la doctrine de
l' "innocence originelle de l'auguste Vierge" était déjà "florissante dès les temps les plus anciens".
La dévotion à l'immaculée conception de Marie se développa cependant plus particulièrement au XIe siècle.
Dès le début du VIIIe siècle, en Orient, on célébrait la conception de Sainte-Anne, mère de la Théotokos, c’est-à dire la conception passive de Marie sous le nom de l'Annonce de la Conception de la Mère de Dieu, puis de Conception de la Mère de Dieu ou Conception de la Vierge Marie.
En Occident, elle apparaît successivement à différentes dates (9 ou 8 décembre ; mai), en Italie méridionale (IXe s.) ; en Irlande (IXe s et Xe s.) ; en Angleterre et en Espagne (XIe s.) ; en Normandie et à Lyon et dans de nombreux diocèses de France et en Allemagne (XIIe s.). Fin du XIVe et début du XVe siècle on peut dire que la fête était presque universellement célébrée.
Les Papes d'abord l'autorisèrent, puis y participèrent pendant leur séjour à Avignon (1309-1377) et à leur retour à Rome, et enfin l'adoptèrent.
Le pape Sixte IV a approuvé officiellement la fête (1476) ; Alexandre VII en a déterminé l'objet propre : l'Immaculée Conception (1661) et Clément XI a étendu la fête à l'Eglise universelle (1708) par la Bulle Commissi nobis.
Au début du XIe siècle, le moine anglais Eadmer, disciple de Saint Anselme, se déclara partisan d’une immaculée (exemption du péché originel) conception (passive) de Marie et écrivit un traité sur le sujet.
Saint Bernard, à l’introduction de cette fête dans le calendrier de Lyon en 1140 , mit en garde contre cette nouveauté et enseigna que la Sainte Vierge avait été sanctifiée seulement après sa conception. Sous son influence, les grands théologiens des XIIe et XIIIe siècles (Pierre Lombard, Alexandre de Halès, saint Bonaventure, saint Albert le Grand et saint Thomas) hésitèrent sur ce point, ne parvenant pas à concilier l'exemption du péché originel en Marie et l'universalité du péché originel nécessaire la rédemption de tout le genre humain.
Ce furent les théologiens Franciscains, surtout Duns Scot (1308), qui débloquèrent la situation en introduisant la notion de prérédemption : la préservation du péché originel étant la forme la plus parfaite de la Rédemption, il était donc concevable que le Christ rachetât sa mère de cette manière.
Le concile de Bâle (1439) prit parti pour l'Immaculée conception de Marie. Au XVe siècle, le pape Sixte IV, franciscain, fit construire au Vatican la chapelle Sixtine en l'honneur de la conception de la Vierge. Plusieurs papes se prononcèrent en faveur de cette croyance, et le dogme fut promulgué le 8 décembre 1854 par Pie IX dans la constitution apostolique Ineffabilis Deus :
« Nous déclarons, Nous prononçons et définissons que la doctrine qui enseigne que la Bienheureuse Vierge Marie, dans le premier instant de sa Conception, a été, par une grâce et un privilège spécial du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et exempte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu, et par conséquent qu'elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles ».
Des apparitions de la Vierge Marie elle-même sont venues confirmer ce dogme:
Lors des apparitions mariales à Sainte Catherine Labouré s'est dite favorisée, rue du Bac à Paris en 1830, la Vierge s’est présentée, selon son récit, comme « conçue sans péché ». C’est la raison pour laquelle la médaille miraculeuse est frappée avec l'invocation « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ».
À Lourdes, Bernadette Soubirous affirma que, le 25 mars 1858, quatre ans après la promulgation du dogme, la Sainte-Vierge se présenta à elle en lui disant :« Je suis l'Immaculée Conception »
« C'est pourquoi, puisant dans les trésors de sa divinité, il la combla, bien plus que tous les esprits angéliques, bien plus que tous les saints, de l'abondance de toutes les grâces célestes, et l'enrichit avec une profusion merveilleuse, afin qu'elle fût toujours sans aucune tache, entièrement exempte de l'esclavage du péché, toute belle, toute parfaite et dans une telle plénitude d'innocence et de sainteté qu'on ne peut, au-dessous de Dieu, en concevoir une plus grande, et que nulle autre pensée que celle de Dieu même ne peut en mesurer la grandeur. »
« Cette innocence originelle de l'auguste Vierge, si parfaitement en rapport avec son admirable sainteté et avec sa dignité suréminente de Mère de Dieu, l'Eglise catholique qui, toujours enseignée par l'Esprit-Saint, est la colonne et le fondement de la vérité, l'a toujours possédée comme une doctrine reçue de Dieu même et renfermée dans le dépôt de la révélation céleste.»
« Nos prédécesseurs, en effet, se sont fait une gloire d'instituer de leur autorité apostolique la fête de la Conception dans l'Eglise romaine, et d'en relever l'importance et la dignité par un office propre et par une messe propre où la prérogative de la Vierge et son exemption de la tache héréditaire étaient affirmées avec une clarté manifeste.»
« Alexandre VII , l'un de Nos Prédécesseurs, a déclaré la véritable pensée de l'Eglise : « C'est assurément, dit-il, une ancienne croyance que celle des pieux fidèles qui pensent que l'âme de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le premier instant où elle a été créée et unie à son corps, a été, par un privilège et une grâce spéciale de Dieu, préservée et mise à l'abri de la tache du péché originel, et qui, dans ce sentiment, honorent et célèbrent solennellement la fête de sa Conception. »
« comme le Fils unique a dans le ciel un Père, que les séraphins proclament trois fois saint, il convenait absolument qu'il eût sur la terre une Mère en qui l'éclat de sa sainteté n'eût jamais été flétri. Et cette doctrine a tellement rempli l'esprit et le cœur des Anciens et des Pères que, par un langage étonnant et singulier, qui a prévalu parmi eux, ils ont très souvent appelé la Mère de Dieu Immaculée et parfaitement immaculée, innocente et très innocente, irréprochable et absolument irréprochable, sainte tout à fait étrangère à toute souillure de péché, toute pure et toute chaste, le modèle et pour ainsi dire la forme même de la pureté et de l'innocence, plus belle et plus gracieuse que la beauté et la grâce même, plus sainte que la sainteté, seule sainte et très pure d'âme et de corps, telle enfin qu'elle a surpassé toute intégrité, toute virginité, et que seule devenue tout entière le domicile et le sanctuaire de toutes les grâces de l'Esprit-Saint, elle est, à l'exception de Dieu seul, supérieure à tous les êtres, plus belle, plus noble, plus sainte, par sa grâce native, que les chérubins eux-mêmes, que les séraphins et toute l'armée des anges, si excellente, en un mot, que pour la louer, les louanges du ciel et celles de la terre sont également impuissantes. »
« C'est qu'en effet cette doctrine de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge a toujours existé dans l'Eglise ; l'Eglise, par la très grave autorité de son sentiment, par son enseignement, par son zèle, sa science et son admirable sagesse, l'a de plus en plus mise en lumière, déclarée, confirmée et propagée d'une manière merveilleuse chez tous les peuples et chez toutes les nations du monde catholique ; mais, de tout temps, elle l'a possédée comme une doctrine reçue des Anciens et des Pères, et revêtue des caractères d'une doctrine révélée. Les plus illustres monuments de l'Eglise d'Orient et de l'Eglise d'Occident, les plus vénérables par leur antiquité, en sont le témoignage irrécusable. Toujours attentive à garder et à défendre les dogmes dont elle a reçu le dépôt, l'Eglise de Jésus-Christ n'y change jamais rien, n'en retranche jamais rien, n'y ajoute jamais rien; mais portant un regard fidèle, discret et sage sur les enseignements anciens, elle recueille tout ce que l'antiquité y a mis, tout ce que la foi des Pères y a semé. Elle s'applique à le polir, à en perfectionner la formule de manière que ces anciens dogmes de la céleste doctrine reçoivent l'évidence, la lumière, la distinction, tout en gardant leur plénitude, leur intégrité, leur caractère propre, en un mot, de façon qu'ils se développent sans changer de nature, et qu'ils demeurent toujours dans la même vérité, dans le même sens, dans la même pensée
Sources :
-Missel quotidien des fidèles. Abbé Daniel Joly, Editions Clovis.
-CONSTITUTION APOSTOLIQUE "Ineffabilis Deus"
Abbé Thomas LE GAL
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