FÊTE DE L' ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE-MARIE. 15 août.

Attestée depuis longtemps à Jérusalem dans une église que l'impératrice Eudoxie y avait fait construire, cette fête de la Mère de Dieu (Theotokos) appelée Dormitio ne prit le nom d'Assomption qu'à partir du VIIIème siècle. Tous les pères sont unanimes pour affirmer que si Marie a subi la mort temporelle elle n'a pas été soumise à ses liens.

 

La croyance universelle en l'Assomption de Marie fut confirmée par le magistère le 1er novembre 1950 lorsque le pape Pie XII, après avoir consulté l'épiscopat du monde entier et constaté la piété des fidèles à travers les siècles, en promulgua le dogme, dans la constitution apostolique Munificentissimus Deus :

 

"Nous proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste."

 

 

En France, l'Assomption est patronne principale du pays ; la procession qui se fait le 15 août après les vêpres prend pour but de rappeler la consécration qu'en 1638, à pareil jour Louis XIII fit à Marie de sa personne, de sa famille et de son royaume. Elle nous permet de ratifier ce vœu, qui doit nous attirer la protection toute puissante de Marie : "Regnum Galliae, regnum Mariae", le royaume de France est le royaume de Marie.

Extraits de la Constitution Apostolique Munificentissimus Deus (1er novembre 1950) du pape Pie XII, proclamant le dogme de l'Assomption

NDLR: les titres en gras en italique sont rajoutés par nous

 

Le lien étroit du dogme de l’Assomption avec ce lui de l’Immaculée conception et de la maternité divine :

 

« il était cependant réservé à notre temps de mettre en plus grande lumière le privilège de l’Assomption corporelle au ciel de la Vierge Marie, Mère de Dieu.

Ce privilège resplendit jadis d’un nouvel éclat lorsque Notre Prédécesseur d’immortelle mémoire, Pie IX, définit solennellement le Dogme de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu. Ces deux privilèges sont en effet très étroitement liés. Par sa propre mort, le Christ a vaincu le péché et la mort, et celui qui est surnaturellement régénéré par le baptême triomphe par le même Christ du péché et de la mort.

Toutefois, en vertu d’une loi générale, Dieu ne veut pas accorder aux justes le plein effet de la victoire sur la mort, sinon quand viendra la fin des temps. C’est pourquoi, les corps même des justes sont dissous après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme glorieuse qu’à la fin des temps.

Cependant, Dieu a voulu exempter de cette loi universelle la Bienheureuse Vierge Marie. Grâce à un privilège spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché par son Immaculée Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps. »

« dans la liturgie byzantine, l’Assomption corporelle de la Vierge Marie est reliée plus d’une fois, non seulement à la dignité de Mère de Dieu, mais encore à ses autres privilèges, à un titre particulier à sa maternité virginale, faveur qu’elle doit à un singulier dessein de la divine Providence : « Dieu, le Roi de l’univers, t’a accordé des choses qui dépassent la nature, car, de même qu’il te garda vierge lorsque tu enfantas, de même il préserva ton corps de la corruption du tombeau et le glorifia par une divine translation »

 

« C’est pourquoi l’auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus-Christ, d’une manière mystérieuse, par « un même et unique décret » de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine Maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où Reine, elle resplendirait à la droite de son fils, Roi immortel des siècles.».

 

L’avis des Pères et des Docteurs :

 

« les Saints Pères et les grands Docteurs, à cause de cela même, n’y puisèrent pas cette doctrine comme d’une source première dans les homélies et discours qu’ils adressaient au peuple ; mais ils en parlaient plutôt comme d’une chose déjà connue des fidèles et par eux acceptée. Ils l’ont mise en plus grande lumière. Ils en ont exposé le fait et le sens par des raisons plus profondes, mettant surtout en un jour plus lumineux ce que les livres liturgiques très souvent touchaient brièvement et succinctement : à savoir que cette fête rappelait non seulement qu’il n’y eut aucune corruption du corps inanimé de la Bienheureuse Vierge Marie, mais encore son triomphe remporté sur la mort et sa « glorification » céleste, à l’exemple de son Fils unique Jésus-Christ. »

 

« saint Jean Damascène, qui demeure parmi tant d’autres, le héraut par excellence de cette vérité dans la tradition, lorsqu’il compare l’Assomption corporelle de l’auguste Mère de Dieu avec tous les autres dons et privilèges, proclame avec une puissante éloquence : « Il fallait que Celle qui avait conservé sans tache sa virginité dans l’enfantement, conservât son corps sans corruption même après la mort. Il fallait que Celle qui avait porté le Créateur comme enfant dans son sein, demeurât dans les divins tabernacles. Il fallait que l’Épouse que le Père s’était unie habitât le séjour du ciel. Il fallait que Celle qui avait vu son Fils sur la croix et avait échappé au glaive de douleur en le mettant au monde, l’avait reçu en son sein, le contemplât encore siégeant avec son Père. Il fallait que la Mère de Dieu possédât tout ce qui appartient à son Fils et qu’elle fût honorée par toute créature comme la Mère de Dieu et sa servante».

 

« saint Germain de Constantinople estimait que l’incorruption du corps de la Vierge Marie, Mère de Dieu, et son élévation au ciel, non seulement convenaient à sa maternité divine, mais encore à la sainteté particulière de son corps virginal : « Tu apparais, comme il est écrit, en splendeur ; et ton corps virginal est entièrement saint, entièrement chaste, entièrement la demeure de Dieu ; de sorte que, de ce fait, il est ensuite exempt de tomber en poussière ; transformé dans son humanité en une sublime vie d’incorruptibilité, vivant lui-même et très glorieux, intact, et participant de la vie parfaite »

 

« saint Alphonse écrit : « Jésus n’a pas voulu que le corps de Marie se corrompît après sa mort, car c’eût été un objet de honte pour lui si sa chair virginale était tombée en pourriture, cette chair dont lui-même avait pris la sienne. »

 

La proclamation du dogme de l’Assomption doit « rendre plus ferme notre foi en notre propre résurrection »:

 

« Nous avons une entière confiance que cette proclamation et définition solennelle de son Assomption apportera un profit non négligeable à la société humaine, car elle tournera à la gloire de la Très Sainte Trinité à laquelle la Vierge Mère de Dieu est unie par des liens tout particuliers. Il faut, en effet, espérer que tous les fidèles seront portés à une piété plus grande envers leur céleste Mère ; que les âmes de tous ceux qui se glorifient du nom de chrétiens, seront poussées au désir de participer à l’unité du Corps mystique de Jésus-Christ et d’augmenter leur amour envers Celle qui, à l’égard de tous les membres de cet auguste corps, garde un cœur maternel. Et il faut également espérer que ceux qui méditent les glorieux exemples de Marie se persuaderont de plus en plus de quelle grande valeur est la vie humaine si elle est entièrement vouée à l’accomplissement de la volonté du Père céleste et au bien à procurer au prochain ; que, alors que les inventions du « matérialisme » et la corruption des mœurs qui en découle menacent de submerger l’existence de la vertu et, en excitant les guerres, de perdre les vies humaines, sera manifesté le plus clairement possible, en pleine lumière, aux yeux de tous, à quel but sublime sont destinés notre âme et notre, corps ; et enfin que la foi de l’Assomption céleste de Marie dans son corps rendra plus ferme notre foi en notre propre résurrection, et la rendra plus active. »

 

 

Sources :

-Missel quotidien des fidèles. Abbé Daniel Joly, Editions Clovis.

 

- Constitution Apostolique Munificentissimus Deus https://laportelatine.org/formation/magistere/constitution-apostolique-munificentissimus-deus-du-1950